En réponse à la lettre de Michel Plante, un employé d’Hydro-Québec, dans le journal La Tribune (10-02-2017) :Électrosensibilité : pas de données probantes.
Depuis 15 ans, des organismes qui collaborent avec l’industrie des télécommunications invitent Hydro-Québec à agir avec eux. À l’OMS, Michael Repacholi a été trouvé coupable de liens étroits avec l’industrie et destitué de son poste de chef de projet au WHOIEMFP (Projet international des CEM de l’OMS) instauré et conduit par lui-même. En 2005, M. Repacholi n’a invité que les représentants de huit compagnies électriques, dont Michel Plante homme lige d’Hydro-Québec, à une réunion pour recommander des limites d’exposition aux champs électromagnétiques (CEM). Même la presse a été interdite.
Quoique l’OMS ait destitué M. Repacholi en 2006 pour conflit d’intérêts (il travaille maintenant pour l’industrie), sa remplaçante, Émilie van Deventer était financée notamment par l’industrie du sans-fil lorsqu’elle enseignait au département de génie électrique et informatique de l’Université de Toronto. Encore une fois, c’est un ingénieur en situation de conflit d’intérêts qui est à la tête d’un projet censé évaluer les risques que posent les CEM pour la santé.
Ici même, au Québec, lorsque le groupe de Gilles Thériault (Université McGill) voulut pousser les analyses des données des champs électromagnétiques pulsés (CEMP) pour d’autres associations, Hydro-Québec, qui finançait l’étude à hauteur de 3 millions de dollars et qui, par conséquent, était propriétaire des données collectées, refusa de donner tout accès ultérieur aux données. Association between Exposure to Pulsed Electromagnetic Fields and Cancer in Electric Utility Workers in Quebec, Canada, and France (1994). Michel Plante disait à l’époque :« nous avons un problème de contrat qui doit être résolu et il n’y aura pas de nouveau mandat tant qu’il ne sera pas résolu ». M. Plante soutenait qu’en publiant les découvertes (au sujet du cancer) sur les CEMP, M. Thériault avait violé le contrat avec les services publics d’électricité. Michel Plante, outre son emploi chez Hydro-Québec, est conseiller pour diverses compagnies de l’industrie des communications.
Hydro-Québec redoute que les effets de l’exposition chronique aux CEM soient connus de ses abonnés, surtout maintenant qu’elle s’est investie dans le projet de Lecture à distance (LAD). Deux études récentes du Département d’épidémiologie et des statistiques de santé, École de santé publique, Faculté de médecine, Université de Zhejiang (Chine), confirment une corrélation entre une exposition chronique aux CEM et des effets biologiques (une étude porte sur le sommeil et l’autre, sur les lipides). Elles ont été réalisées sur des travailleurs de centrales électriques. Il ne faut pas oublier que les normes de la Chine sont 100 fois plus basses (plus strictes) que les normes canadiennes.
L’une des études est celle de Wang Z. et coll. : Effects of electromagnetic fields on serum lipids in workers of a power plant (2016).Elle visait à évaluer les effets de l’exposition aux champs électromagnétiques (CEM) sur les niveaux de lipides sériques chez les travailleurs d’une centrale électrique dans la province de Zhejiang (en Chine).
« Les résultats ont montré que l’exposition chronique aux CEM était associée au changement des taux de lipides sériques. L’exposition aux champs électromagnétiques pourrait moduler le processus de métabolisme des lipides. » (À noter que toutes les traductions ont été faites avec le traducteur Google)
L’autre est l’étude de Hui Li et coll. : Occupational Electromagnetic Field Exposures Associated with Sleep Quality: A Cross-Sectional Study (2014).
« Les résultats ont montré que l’exposition professionnelle quotidienne aux champs électromagnétiques était associée à une mauvaise qualité du sommeil. Cela implique que l’exposition aux CEM peut nuire à la qualité du sommeil humain plutôt qu’à la durée du sommeil.»
Cette dernière étude confirme celle de Lowden A. et coll. : Sleep after mobile phone exposure in subjects with mobile phone-related symptoms. (2011). « Les résultats confirment des observations antérieures selon lesquelles l’exposition aux radiofréquences augmentait la plage d’EEG alpha dans l’EEG du sommeil et indiquait une détérioration modérée du sommeil lent (SWS). De plus, les différences rapportées de sensibilité à l’utilisation des téléphones portables ne sont pas reflétées dans les paramètres du sommeil.»
Ce n’est pas pour rien que les ventes de cafés et boissons énergisantes augmentent avec notre exposition aux CEM.
En ce qui concerne les études scientifiques sur les électrohypersensibles (EHS), parmi 90 études répertoriées dans le site de Powerwatch au Royaume-Uni (de 2005 à 2015), 38 ont trouvé un lien entre l’exposition aux CEM et les symptômes d’électrohypersensibilité, 27 sont neutres et 25 n’ont pas trouvé de lien. De ces 25 études, quatre ont été publiées par Rubin, un psychologue qui collabore avec l’industrie et dont les études ont été hautement critiquées puisqu’elles auraient été conçues pour prouver qu’il n’y a pas de corrélation entre l’exposition aux CEM et les symptômes. En conclusion, il y a plus d’études qui montrent un lien.
Les effets des CEM sur la santé sont connus depuis plus de 60 ans, notamment en Russie, pionnière dans la matière.
Voir à ce sujet l’article de Grigoriev Y G et coll. : Confirmation studies of Soviet research on immunological effects of microwaves: Russian immunology results. (2010). Cet article présente les résultats d’une étude de réplication réalisée pour analyser des études soviétiques antérieures menées entre 1974 et 1991 sur des rats. Ces études avaient montré des effets immunologiques et reproducteurs liés à l’exposition à long terme à de faibles doses de radiofréquences (RF). « Nos résultats […]ont partiellement confirmé les résultats des premières études et indiqué les effets possibles de l’exposition non thermique aux RF sur les processus auto-immuns. »
La Russie est une pionnière dans les études des effets non thermiques des CEM et, depuis la Seconde Guerre mondiale, les études militaires montrent les effets biologiques des CEM. La Russie, comme la Chine, a des normes 100 fois plus basses (ou plus strictes) que le Canada. Sommes-nous plus résistants ou est-ce simplement que notre gouvernement est sous l’influence de l’industrie de télécommunications comme cela a été le cas pour l’amiante, le tabac, les produits pétrochimiques, etc.?
En tant que médecin, Michel Plante devrait lire cette étude sur les marqueurs biochimiques du diagnostic EHS : Reliable disease biomarkers characterizing and identifying electrohypersensitivity and multiple chemical sensitivity as two etiopathogenic aspects of a unique pathological disorder. (2015) Voici un résumé des conclusions : « Nos données suggèrent fortement que l’EHS et la MCS peuvent être objectivement caractérisés et diagnostiqués de façon routinière par des tests simples disponibles dans le commerce. Les deux troubles semblent impliquer l’hyperhistaminémie liée à l’inflammation, le stress oxydatif, la réponse auto-immune, l’hypoperfusion capsulo thalamique et l’ouverture de la BHE (barrière hémato-encéphalique) et un déficit de la disponibilité métabolique de la mélatonine, ce qui suggère un risque de maladie neurodégénérative chronique. Enfin, la cooccurrence commune de l’EHS et de la MCS suggère fortement un mécanisme pathologique commun. » Nota bene : le terme MCS (Multiple Chemical Sensitivities) est plus commun en français que HCM (Hypersensibilité chimique multiple).
Autre étude intéressante : Electromagnetic field induced biological effects in humans (2015) de Kaszuba-Zwoińska et coll. Ils ont fait une révision des études sur les EHS. Conclusion : « Le phénomène d’hypersensibilité électromagnétique sous forme de maladie dermatologique est associé à la mastocytose. Les biopsies prélevées sur des lésions cutanées de patients atteints d’EHS ont indiqué l’infiltration des couches cutanées de l’épiderme avec des mastocytes et leur dégranulation, ainsi que sur des médiateurs de réactions anaphylactiques de libération tels que l’histamine, la chymase et la tryptase. Le nombre de personnes souffrant de l’EHS dans le monde qui se décrivent comme sévèrement dysfonctionnelles est en croissance. Ces patients présentent des symptômes non spécifiques sur de multiples organes lors de l’exposition à de faibles doses de rayonnement électromagnétique, symptômes souvent associés à une hypersensibilité à de nombreux agents chimiques (en anglais « Multiple Chemical Sensitivity » ou MCS) / ou à d’autres intolérances environnementales (SRI : Sensitivity Related Illness ou maladie associée à la sensibilité). »
Autre étude : Effects of RF-EMF Exposure from GSM Mobile Phones on Proliferation Rate of Human Adipose-derived Stem Cells: An In-vitro Study (2016), par Shahbazi-Gahrouei et coll. « Les résultats montrent que le rayonnement du signal RF à 900 MHz provenant d’une antenne peut réduire la viabilité cellulaire et les taux de prolifération des ADSC (Adipose derived Stem Cells ou CSI cellules souches adipeuses) humains en ce qui concerne la durée de l’exposition. »
Contrairement à ce que Michel Plante affirme, l’EHS est reconnue non seulement ici au Canada par la charte des droits et libertés de la personne, mais aussi dans plusieurs pays. En 2005, l’Allemagne a intégré l’électrosensibilité dans sa version de la dixième classification internationale des maladies de l’OMS (l’ICD-10), sous la catégorie Z58 4 Elektrosensibilität. Le conseil des ministres des pays nordiques (Scandinavie et Danemark) avait fait de même en 2000. La Suède considère l’électrosensibilité comme un handicap. L’Association médicale autrichienne a publié un document intitulé : Directive de l’Association médicale autrichienne pour le diagnostic et le traitement des problèmes de santé et des maladies liés aux CEM. Le gouvernement du Canada, Hydro-Québec, la Régie de l’énergie (qui, à la demande d’Hydro-Québec, a refusé de prendre en considération le témoignage du Dr David Carpenter lors des audiences sur les compteurs intelligents, même s’il est un expert émérite des effets biologiques des CEM), Santé Canada (qui accepte de louer ses toits à l’industrie des télécommunications), ainsi que la Santé publique (qui fait de même) continuent à nier les effets biologiques des CEM. Cela ne veut pas dire qu’ils ont raison, mais simplement qu’ils défendent leurs intérêts financiers.
Les conséquences sur la santé seront potentiellement tellement désastreuses que les compagnies d’assurance comme la Lloyds ont décidé d’exclure tout problème de santé causé non seulement par le sans-fil, mais par tout CEM. « […]
32. Champs électromagnétiques
directement ou indirectement découlant de, résultant ou contribué à
par champs électromagnétiques, rayonnement électromagnétique, électromagnétisme, ondes radio ou bruit ».
« L’exclusion champs électromagnétiques (Exclusion 32) est une exclusion d’assurance générale et est appliquée à travers le marché en tant que norme. Le but de l’exclusion est d’exclure la couverture pour les maladies causées par l’exposition au rayonnement continu à long terme non ionisant, p.ex. : par l’usage de la téléphonie mobile ».
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Michel Plante, puisqu’il est médecin, devrait savoir pertinemment que les 50 µW/m2 mesurés par des ingénieurs à un mètre de distance du compteur intelligent ne reflètent pas la réalité biologique. Ce chiffre a été conçu en faisant un calcul de la durée de l’impulsion du compteur. La vraie mesure, c’est les 55 000 µW/m2 que le corps ressent toutes les quatre ou vingt secondes, pendant 24 heures, 365 jours par année (tout dépendant du compteur). En tant que médecin, il le sait. Imaginez que vous receviez une claque sur la figure toutes les 4 secondes pendant tout le reste de votre vie, et que Michel Plante venait vous déclarer que si nous divisons la force de frappe par, disons, le nombre de millisecondes dans six minutes, vous n’avez ressenti qu’une caresse. J’invite Michel Plante à nous prouver qu’à cette distance le compteur intelligent d’Hydro-Québec n’a aucun effet biologique sur son corps : qu’il se place à un mètre d’un compteur pendant une semaine. (Un seul compteur aux fins de cette expérience, mais il est important de mentionner que plusieurs clients ont six compteurs ou plus à l’intérieur de la maison et doivent quotidiennement les frôler dans leur salon ou cuisine) Des analyses biochimiques seront faites avant et après son exposition au compteur et nous laisserons la science trancher.
Pendant des millions d’années, nous étions exposés au fond cosmique naturel. À 1 800 MHz il est de 0,000 000000 01 µW/m2, le niveau naturel pour toutes les radiofréquences est de 0,000 001 µW/m2. À 30,4 µW/m2, on répertorie des effets tels que sommeil perturbé, fatigue, douleur et faiblesse. Comment peut-on affirmer que l’hypersensibilité aux champs électromagnétiques n’existe pas et que ce n’est qu’une maladie mentale?
La technologie est ici pour de bon, et elle peut être très utile, mais il faut savoir l’utiliser judicieusement et s’exposer le moins possible. Les femmes enceintes, les enfants mineurs (âgés de moins de 18 ans) et les malades doivent les éviter à tout prix.
Personne n’oserait fumer devant un nouveau-né aujourd’hui, mais peu sont ceux qui pensent à fermer leur Wi-Fi quand il n’est pas utilisé. Ils ne réalisent pas qu’ils irradient tout être vivant dans un rayon de 50 à 300 mètres de l’appareil (puisque ces appareils sans fil sont omnidirectionnels). Les appareils dits « intelligents » ne sont en fait dotés d’aucune intelligence ; c’est nous qui devons l’être en appliquant le Principe de précaution, et en nous demandant si la personne ou l’organisme qui nie les effets biologiques a un lien financier avec l’industrie. Personne ne mord la main qui le nourrit.
Maria Acosta, B.Sc. (Biologie)